J. Croset ~ Couleurs en baz'art !

Chanteuse, danseuse, mannequin, mais on le sait moins : officière du Renseignement, espionne pour les Alliés pendant la Seconde Guerre, meneuse de revue engagée.

Y a-t-il vraiment besoin de présenter le héros truculent, chevaleresque et poète d'Edmond Rostand ? J'ajouterai juste qu'avant d'être un personnage de théâtre, Cyrano est un véritable auteur baroque, dont l'œuvre milite pour l'athéisme et les études cosmologiques au XVIIe siècle. Je suis aussi très sensible au panache de Cyrano tel que représenté dans la pièce du même nom. Son tempérament Dom Quichottesque et sa verve cachent du reste - avec la politesse du désespoir comme on dit - sa profonde blessure : ne jamais être aimé ni par celle qu'il convoite ni par aucune autre femme, en raison de sa disgrâce.

Mentionnée dans Lambeaux, son nom n'est jamais donné et elle est toujours désignée par ce pronom. "Tu" es une toute jeune fille de la campagne, passionnée, curieuse, dévoreuse de livres, auteure à ses heures. Seulement, on a besoin d'aide à la ferme et "tu" es contrainte d'arrêter tes études après le Certificat, à ton grand désespoir. "Tu" sombres peu à peu dans la dépression, sans la nourriture dont ton esprit a toujours faim, et aux côtés d'un mari non choisi à qui "tu" donnes un fils. "Tu" est internée en hôpital psychiatrique après une tentative de suicide, et meurs de faim en 1940 pendant l'hécatombe des fous. Dans Lambeaux, Charles Juliet écrit à cette mère qu'il a à peine connue et dont il a découvert l'histoire après coup.

Passons sur l'évidence : son parcours de lutte avec sa maladie a été une source de profondes réflexions et émotions pour moi. Au delà de ça, j'ai découvert l'astrophysique grâce à lui et cette passion ne m'a pas quittée depuis. Il a un vrai talent de vulgarisation. Et j'aime la personne très humaine, engagée et pleine d'humour qu'il était.

L'institutrice révolutionnaire, féministe, communarde, déportée sous les vents humides de la Nouvelle-Calédonie. Figure de l'instruction comme rocher qui tient contre les vents et les tempêtes. Et femme puissante par son engagement.

Gwynplaine est le personnage central du roman baroque L'Homme qui rit, par Victor Hugo. Enfant, il a été vendu à des bandits qui se spécialisent dans la "confection" de personnes handicapées et de monstres, dans le but de les revendre comme amusements à des nobles ou des cirques. Ainsi Gwynplaine a-t-il été défiguré - on lui a coupé les lèvres pour dénuder les gencives, coupé le nez, déformé et cousu la mâchoire - pour que son visage donne à la fois l'illusion d'un éclat de rire et d'un visage de mort.
"Il était l'homme qui rit, cariatide du monde qui pleure."

Veillée après veillée, elle narre mille-et-un récits au roi Shariar pour sauver sa tête. Et sauver les autres femmes de la cruauté de ce monarque. J'ai assez tôt fait mienne son échappatoire : raconter pour ne pas mourir.

Je l'ai longtemps considéré comme un camarade imaginaire quand je l'ai rencontré à 12 ans, via sa biographie et le film de Lynch. Atteint du syndrome de Protée, Joseph Merrick est exhibé dans un cirque au XIXe siècle, avant d'être repéré par un chirurgien dont il est devenu le protégé. Il avait pour double peine d'être aussi très intelligent, artiste et sensible.

Cheffe cheyenne des grandes Plaines du Nord, elle a combattu lors de la bataille de Little Bighorn. C'est elle qui aurait fait tomber le lieutenant-colonel George Armstrong Custer de son cheval pendant le combat.

Protagoniste de "La Guerre et la Paix", de Léon Tolstoï. Un personnage pour qui j'ai beaucoup d'affection. Quand Pierre hérite d'une immense fortune, c'est le grand vide. Il cherche un sens à sa vie et tape à bien des portes afin d'essayer de le trouver. Voyage en France pour apprendre les idées de la Révolution, religion, Franc-Maçonnerie, engagement social pour l'instruction des pauvres, engagement politique... C'est un jeune homme plein de bonne volonté, qui veut sincèrement bien faire, mais est souvent maladroit. Physiquement, il est massif et très en chair, avec des petites lunettes, c'est un nounours géant. Beaucoup de gens abusent malheureusement de lui, à commencer par sa femme qui le trompe... C'est en prison, auprès d'un vieux paysan de la Russie profonde, que Pierre aura les révélations de sa vie et un début de bonheur.

Peintre mexicaine, première moitié du XXe siècle. Icône socialiste et féministe, entre surréalisme et traditions Sud Américaines. Gravement handicapée depuis un accident d'autocar, son buste brisé subit de multiples opérations.

Dit "l'idiot" dans le roman éponyme, de Dostoïevski. Jeune homme maladif et désargenté quoique d'une famille renommée, il est remarqué pour son immense bonté et sa franchise sans filtre. Mychkine est profondément bienveillant et sincère... au point d'être surnommé "l'idiot" par la haute société corrompue et hypocrite où il évolue. J'ai pensé à lui car Mychkine a quelque chose d'un christ tombé - ou plutôt retombé - sur terre. Or il est très sensible à la beauté, notamment à la beauté déchue de Nastasya Philippovna, une femme aussi convoitée que tourmentée. Mychkine voudra absolument la sauver... d'elle-même. Seulement, la gentillesse du prince a quelque chose d'insupportable dans son entourage et provoque catastrophe sur catastrophe.

Peintre rattachée à l'Art Brut / art naïf. De la première moitié du XXe siècle, elle n'avait aucune formation académique et était de milieu très modeste. Bergère puis femme de ménage, c'est à la lumière d'une bougie et après son travail qu'elle peignait. Elle est finalement repérée par un collectionneur de Senlis. Sa vie se termine malheureusement en hôpital psychiatrique.

Joseph Cinqué, également connu sous le nom de Sengbe Pieh, était un homme du peuple Mendé qui a mené une révolte sur le bateau négrier espagnol "La Amistad".

Reine, aux commandes à la mort de son époux, elle a vaillamment tenu tête aux armées romaines au IIIe siècle de notre ère.